L’éco-responsabilité : le rôle central du pharmacien

Le pharmacien d’officine se voit, d’année en année, attribuer de plus en plus de missions. En effet, elles se sont élargies, notamment en termes de parcours et d’accès aux  soins du patient, de prévention et d’information, mais aussi en ce qui concerne le développement durable au sein de la pharmacie. Ainsi, le pharmacien se place en tant que réel acteur de proximité auprès de sa patientèle.

Tri, collecte, recyclage, énergie… Si l’écoresponsabilité est entrée progressivement dans l’exercice quotidien des pharmaciens au fil des années, elle est devenue un objectif majeur depuis l’entrée en vigueur de la dernière convention pharmaceutique. Cyclamed revient ce mois-ci sur le rôle du pharmacien dans la transition écologique au sein de son officine. 

De nouvelles missions écologiques inclues dans la convention nationale des pharmaciens titulaires d’officine

Le 9 mars 2022, l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (Uncam), la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF), l’Union de Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO) et l’Union nationale des organismes complémentaires d’assurance maladie (Unocam) ont signé la nouvelle Convention nationale des pharmaciens titulaires d’officine. Cette dernière répond à un besoin notable d’étendre les missions du pharmacien, lié notamment au rôle prépondérant que ces professionnels de santé ont joué durant la crise Covid-19, le dépistage et la vaccination.

C’est la première fois que cette convention évoque des enjeux environnementaux. En effet, l’article VII présente les différentes tâches que le pharmacien, en tant qu’acteur engagé, est incité à mettre en place dans sa pratique professionnelle. Un « programme de développement durable » est ainsi appelé à être déployé au sein des 20 757 pharmacies. Plusieurs axes sont mentionnés, telles que :

  • utiliser des ampoules basse consommation
  • réduire les déchets d’emballages et les sacs proposés aux patients
  • tenter de limiter les impressions papier
  • essayer d’utiliser plutôt des produits d’entretien à faible impact environnemental
  • privilégier des fournisseurs qui proposent des emballages recyclables et en mono-matériau
  • privilégier des fournisseurs locaux, quand cela est possible
  • optimiser les commandes pour éviter d’en passer trop et sans trop solliciter les transporteurs
  • s’évertuer à choisir des produits qui ne contiennent pas de substances classées par la réglementation comme cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) ou comme perturbateurs endocriniens
  • collecter les médicaments non utilisés des patients (obligation professionnelle) et développer l’information auprès de la patientèle. 

La Convention propose également que le pharmacien titulaire d’officine sensibilise sa patientèle  pour éviter un éventuel gaspillage des médicaments (en délivrant les justes quantités de médicaments et en s’assurant que les patients ne stockent pas inutilement des médicaments à leur domicile) et incite au tri des particuliers pour leur expliquer l’intérêt et les enjeux du retour des  médicaments non utilisés ou périmés à la pharmacie.

Vous pouvez consulter le programme de développement durable de l’Assurance Maladie afin d’évaluer et d’effectuer le bilan 2023 de vos actions mises en place : https://www.ameli.fr/seine-saint-denis/content/programme-de-developpement-durable-en-pharmacie-modele.

Un engagement fort de la présidente de l’Ordre des pharmaciens  

La présidente de l’Ordre des pharmaciens, Carine Wolf-Thal, s’est engagée, durant son mandat de 2022 à 2025 à contribuer à la transition écologique. Pour ce faire, deux axes principaux ont été dégagés :

  1. Définir et mettre en œuvre des actions concrètes au sein de l’Ordre des pharmaciens

Ce qui implique de proposer des activités à moindre impact écologique.

        2. Accompagner les pharmaciens vers la transition écologique dans le cadre de leurs différents métiers

Il est important de proposer des  supports aux pharmaciens pour les aider à évoluer vers cette transition écologique. 

La revue de l’Ordre des pharmaciens de septembre a également précisé ces deux axes en fixant 4 objectifs qui doivent été développés d’ici à 2025 :

  • la promotion d’une juste consommation et la gestion des produits de santé, afin de lutter contre la pollution et le gaspillage
  • la réduction et le traitement des déchets liés aux produits de santé
  • la lutte contre l’écotoxicité des médicaments
  • l’allongement de la durée de vie des produits de santé

Sur le long terme, la présidente a prévu d’organiser des réunions de travail afin de soumettre des actions en faveur du développement durable au sein du métier. Un modèle d’économie circulaire (comme ci-dessous) doit être mis en place :

Protéger l’environnement : un engagement collectif des pharmaciens

L’Union Nationale des Pharmacies de France (UNPF) en partenariat avec GERS Data a récemment publié une enquête sur la mise en pratique des gestes écologiques des pharmaciens dans leur officine, réalisé durant l’hiver 2022/2023. L’enquête a mis en exergue le fait que les pharmaciens sont nombreux à sensibiliser leurs patients et à réaliser des économies d’énergie. En effet, parmi les titulaires interrogés, 80 % ont déclaré avoir mis en place une démarche de développement durable au sein de leur pharmacie. De plus, 15 % supplémentaires envisagent d’amorcer cette démarche à court terme. 

Par ailleurs, presque la totalité des pharmaciens ayant répondu à l’enquête ont expliqué instaurer 3 gestes dans leur quotidien de professionnel de santé :

1-    98 % éteignent la lumière et les ordinateurs lors de la fermeture

2-    98 % expliquent le rôle de Cyclamed et de DASRI à leurs patients

3-    91 % réduisent les déchets d’emballage et les sacs distribués aux patients

Certains efforts restent encore à réaliser. En effet, par exemple seuls 9 % des pharmaciens titulaires déclarent s’arranger pour n’être livré qu’une seule fois par jour par le grossiste-répartiteur au lieu de deux tournées. Seuls 4 % d’entre eux possèdent le label d’employeur écoresponsable et 5 % font attention au bilan carbone de l’ordonnance.

Découvrez le rôle de Cyclamed, qui célèbre cette année ses 30 ans d’engagement écoresponsable : https://www.cyclamed.org/retour-sur-les-changements-de-la-filiere-cyclamed-au-cours-des-30-dernieres-annees-avec-thierry-moreau-defarges-president-de-cyclamed-11350/.

Retrouvez le témoignage d’une pharmacienne sur l’avenir des MNU : https://www.cyclamed.org/point-de-vue-dune-pharmacienne-sur-le-devenir-des-mnu-11289/.

 Et concrètement, comment fait-on à l’échelle d’une pharmacie ?

1)  La gestion des déchets 

L’activité du pharmacien génère une quantité non négligeable de déchets professionnels dont celui-ci est responsable dans leur prise en charge. Ainsi, le pharmacien doit trouver l’organisme agréé qui pourra les éliminer dans le respect de l’environnement et de la réglementation. Cela peut être le cas pour le  recyclage des cartons vides, des déchets électroniques et chimiques en faisant appel à des prestataires spécialisés.

2) Des emballages et sacs écologiques

Concernant le sac de pharmacie éco-responsable, le pharmacien pourra opter pour un fabricant responsable qui présentera des standards conformes à celui d’une entreprise éco-responsable (ISO26000).

3) La qualité et la traçabilité des produits

Devenir acteur responsable, c’est aussi choisir les bons critères au niveau des achats et des fournisseurs sélectionnés, d’autant que les patients demandent de plus en plus d’informations sur la qualité des produits, sur la composition et la traçabilité et leur provenance.

Preuve en est, l’engouement croissant pour la cosmétique naturelle, la parapharmacie bio, de même que les médecines alternatives telles que l’aromathérapie ou la phytothérapie. Une récente étude menée par L’observatoire de la Santé pour Wellpharma confirme d’ailleurs cette tendance et le rôle central du pharmacien pour accompagner cette démarche :

  • 82 % des consommateurs affirment être sensibles au caractère respectueux des produits pour la santé.
  • 94 % désignent le pharmacien comme étant le professionnel de santé légitime pour les conseiller dans leurs achats éco-responsables.

 4) L’empreinte carbone de la pharmacie

En agissant directement sur les émissions de CO2 mais aussi en reprenant la main sur les consommations électriques en réglant la climatisation, le chauffage, en changeant de fournisseur d’énergie pour un contrat plus vert, la pharmacie peut réduire son empreinte carbone. De même, des applications telles que Carbo (https://www.hellocarbo.com/)  peuvent aider à calculer son bilan carbone.

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