Retour sur les évolutions de la filière Cyclamed au cours des 30 dernières années avec Thierry Moreau-Defarges, président de Cyclamed

Depuis 30 ans, les comportements des Français vis-à-vis du tri et de la valorisation des déchets ont changé. Quels sont les changements qui vous semblent les plus significatifs ?

 Ces 30 dernières années ont été marquées par une transformation profonde de la prise en charge des déchets de tout type, qu’il s’agisse des solutions de tri sélectif, de compostage, d’organisation des déchèteries ou encore de l’émergence, bien sûr, des différents éco-organismes qui ont révolutionné l’approche même du déchet. Cyclamed est un des deux premiers éco-organismes à avoir vu le jour en 1993 (en même temps que Eco-emballages devenu depuis Citeo). Toutefois, en tant que citoyen, il est clair que nous n’avons pas encore pris totalement conscience que le meilleur déchet est celui qui n’est pas produit. Notre société d’hyperconsommation et de suremballage nécessite encore des efforts, des concessions de la part du citoyen même s’il est conscient aujourd’hui de l’importance de la prise en charge de ses déchets. La difficulté réside également dans l’hétérogénéité des consignes de tri en France depuis plusieurs années. L’harmonisation en cours devrait apporter de réels changements dans les années à venir.

Concernant la valorisation des médicaments, nous avons démarré en 1993 et en 4/5 ans, les Français ont compris qu’il fallait rapporter ses médicaments non utilisés à la pharmacie. Il est vrai que dans un premier temps, ils les rapportaient chez leur pharmacien avec l’idée qu’ils seraient redistribués à des fins humanitaires. Aujourd’hui ce n’est plus le cas, puisque depuis le 1er janvier 2009, les médicaments ne doivent plus être envoyés vers les aides humanitaires essentiellement pour des raisons sanitaires. Les Français ont bien compris que les médicaments ne sont pas des produits comme les autres et Cyclamed a rapidement atteint de bons scores concernant leurs retours en pharmacie.

Cyclamed s’est fait connaître du grand public en 1996 lors de la diffusion de sa première campagne de publicité à la télévision. Quels sont les canaux de communication que vous utilisez désormais ?

Dans les années 1990/2000, nous avons principalement utilisé la télévision, avec des campagnes reconnues d’intérêt général par le premier Ministre dont la preuve d’impact s’illustre avec la reprise de nos actions TV en décembre 2008 après deux années  d’interruption  : dans les 2 mois qui ont suivi, la collecte des MNU a fait un bond de 40 % ce qui a mis en évidence l’incontestable efficacité de ce média même pour des thèmes non commerciaux. Nous utilisons donc toujours la TV pour diffuser nos campagnes de communication (pour visionner la dernière campagne Cyclamed, cliquez ici). Depuis une dizaine d’années, nous avons également investis les différents canaux digitaux qui ont émergé et nous sommes aujourd’hui présents et actifs sur notre site Internet et 4 réseaux sociaux : Facebook, Twitter, Instagram et LinkedIn.

Parmi les acteurs partenaires de Cyclamed (pharmacies d’officine, grossistes-répartiteurs, industries pharmaceutiques) lequel a subi le plus de changement /évolution depuis 30 ans ?

Je dirais que ces 3 acteurs ont connu des changements fondamentaux. L’industrie pharmaceutique tout d’abord, qui s’est transformée via une internationalisation, des thérapies de plus en plus innovantes et des bouleversements dans sa promotion auprès des médecins. Les grossistes-répartiteurs ont aussi évolué par le biais d’une forte robotisation, ainsi que de nombreux regroupements qui se poursuivent encore aujourd’hui. Les pharmaciens d’officine quant à eux, ont dû également évoluer, car leurs compétences se sont nettement élargies notamment avec les actes paramédicaux comme la vaccination (les nouveaux rôles du pharmacien.

 Cyclamed s’est étendu dans les DROM-COM depuis 2001. Comment cela se passe-t-il dorénavant sur ces territoires ?

L’implantation de Cyclamed dans les DROM-COM s’est faite progressivement à partir de 2001 et l’ensemble des territoires est désormais couvert. Au départ, nous avons souhaité traiter les DROM-COM au même niveau que la métropole en considérant que le médicament n’a pas d’exception avec les mêmes inconvénients, risques et avantages. Pour autant, nos DROM-COM sont non seulement éloignés mais parfois aussi isolés, entrainant de nombreuses contraintes dont celle de l’approvisionnement des médicaments. D’autre part, nous sommes en présence de populations souvent jeunes avec une faible consommation de médicaments. La prise en charge des déchets est encore rudimentaire ce qui rend la sensibilisation compliquée et nécessite un apprentissage et un accompagnement adaptés à ces populations (L’ile de la Réunion : un exemple d’engagement en faveur de la valorisation des MNU).

Il est donc clair que les éco-organismes en général ne pourront pas atteindre les mêmes niveaux de performance qu’en métropole dans les mêmes délais comme le souhaitent nos autorités. L’important est de noter que nous voulons tous apporter aux territoires ultramarins le même niveau de prise en charge des déchets ou des produits qu’en métropole, mais que les délais doivent être adaptés aux situations sociales, économiques, environnementales et sanitaires.

Quel regard portez-vous sur la récente prise de conscience des citoyens vis-à-vis de l’environnement et de la santé ? Êtes-vous optimiste ?

La prise de conscience s’accélère et c’est positif. Je pense que nous nous dirigeons non pas vers   une « déconsommation », mais vers une meilleure manière de consommer. Il y a des efforts à fournir par l’intermédiaire de l’éducation, des entreprises, des collectivités locales… Tout est une question de volonté !

La filière Cyclamed » a-t-elle de l’avenir ?

Plus que jamais ! Le médicament étant de mieux en mieux utilisé, il y aura de moins en moins de médicaments non utilisés. Notre filière devrait voir ses volumes se réduire et c’est tant mieux ! Mais nous aurons toujours des Médicaments Non Utilisés suite à des changements de traitement, à des décès, à un foyer dont la composition évolue. Et puis, nous allons avoir demain des médicaments plus complexes intégrant de l’électronique, des substances fragiles, etc. De fait, nous devons sans doute mener une réflexion avec les autres éco-organismes complémentaires, afin de répondre ensemble aux enjeux de tri et de valorisation des années à venir.

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