Tulipe : l’Association qui collecte des médicaments neufs pour répondre aux situations d’urgence

Depuis le 1er janvier 2009 et par décision des pouvoirs publics, la redistribution humanitaire des Médicaments Non Utilisés (MNU) est interdite en France et en Europe, suivant ainsi les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

De fait, Cyclamed ne redistribue aucun des médicaments collectés à des fins humanitaires (pour en savoir plus sur la redistribution des MNU cliquez ici).
Néanmoins, de nombreux circuits sécurisés dédiés aux situations d’urgence, comme les catastrophes naturelles, sont compétentes pour apporter des soins et des médicaments aux plus démunis. C’est la mission de l’association Tulipe, véritable lien entre les entreprises de santé et les ONG. Patrice Carayon, président de Tulipe nous en dit plus sur les activités de l’association.

 

Pourriez-vous présenter l’association Tulipe ? Dans quel contexte a-t-elle été créée ? 

Tulipe, dont l’acronyme signifie « transfert d’urgence de l’industrie pharmaceutique », est une association loi 1901 qui a été créée en 1982. Elle répondait à l’époque a une problématique simple du SNIP (syndicat national de l’industrie pharmaceutique) devenu désormais le LEEM : que faisons-nous pour les pays en crise en termes de dons ?

Nous réunissons l’ensemble des entreprises du médicament qui sont volontaires pour faire des dons à notre association. En tant que professionnelles de l’industrie du médicament, les entreprises demandent des dons que nous récoltons, stockons et gérons au niveau logistique. Ensuite les ONG viennent chercher les médicaments dans notre centre de Le Thillay au nord de Roissy, Tulipe prend très rarement en charge le transport.  Ce sont les ONG, à travers leurs réseaux, qui prennent les produits en vrac ou les kits dans des cantines dédiées de 60 kg. Cela permet de stocker des médicaments, pour les urgences, la médecine générale ou la médecine pédiatrique. Notre rôle est de nous assurer que nous avons un stock de médicaments toujours disponible.

Aujourd’hui 55 entreprises de santé sont adhérentes de l’Association Tulipe. Toutes les grandes entreprises du médicament le sont ; et il y a également des entreprises qui évoluent dans le monde de la santé comme des cabinets de prestations. Leur point commun est d’être évidemment lié à l’écosystème de la santé.

 

Qui peut faire un don à l’association et comment cela se fait ?

Seules les personnes morales peuvent faire des dons de médicaments, c’est-à-dire les entreprises du médicament, les entreprises du dispositif médical ainsi que des entreprises de compléments alimentaires. Les compléments alimentaires pour enfants sont par exemple très demandés en ce moment dans les camps de réfugiés au Liban. 

 

A qui s’adressent les dons ? Dans quels pays vont-ils principalement ? Quels ont été vos derniers envois et pour quels types d’opérations ? 

 Cela dépend des crises. Nous sommes très connus pour répondre tout de suite aux crises, car justement, nous avons un stock de médicaments. Par exemple, quand Haïti a subi un tremblement de terre, le centre de crise du quai d’Orsay, s’est adressé à Tulipe pour répondre à ces besoins urgents en médicaments. Depuis le 4 août 2020, nous sommes mobilisés au Liban. Nous sommes également présents à travers nos dons au Venezuela et dans certains pays d’Afrique comme la République Démocratique du Congo et le Cameroun. En coordination avec le Quai d’Orsay, nous commençons également à aider en Afghanistan.

Étant donné que nous ne sommes pas une ONG, nous devons nous mettre en contact avec l’une d’entre elles, en réalisant bien sûr des audits en amont afin de vérifier le sérieux de celles-ci. A l’heure actuelle, l’Ordre de Malte, la Première Urgence et Action contre la Faim sont nos principaux partenaires. 

 

Quelles sont les différentes étapes d’acheminement des produits ?

Notre rôle est de stocker les médicaments et de les avoir en quantité suffisante à disposition. Ce sont les ONG qui prennent le relais en les acheminant puis en les distribuant.

 

Comment assurez-vous la sécurité et la qualité des produits que vous délivrez ?  

Nous utilisons des cantines de type cantines militaires extrêmement sécurisées et scellées. Elles sont décelées uniquement par les ONG. Et nous ne travaillons qu’avec des ONG pour lesquelles nous sommes certains qu’elles pourront acheminer les médicaments aux bons endroits. Actuellement, seulement 3 associations sont capables de stocker les médicaments : Tulipe, Médecins Sans Frontière et l’établissement pharmaceutique de l’Ordre de Malte (l’EPHOM).

Tulipe, en tant qu’établissement pharmaceutique, est par ailleurs inspectée par l’ANSM. (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé).

 

Comment vous assurez-vous de la délivrance effective aux populations ?

C’est la responsabilité des ONG. Mais dans certains cas, comme celui du Liban actuellement nous nous rendons directement sur place. Je m’y rends d’ailleurs prochainement avec le directeur des opérations pour rencontrer l’Ordre de Malte et vérifier comment sont utilisés les médicaments dans les camps de réfugiés. Nous avons un droit de regard naturel dans le cadre d’un partenariat, mais la délivrance aux populations n’est plus de notre responsabilité une fois les médicaments livrés. D’où l’importance de s’assurer du sérieux de nos partenaires en amont.

 

Est-ce que les particuliers peuvent tout de même s’investir dans votre association ?

Les dons sont uniquement collectés via des personnes morales. Les particuliers ne peuvent donc pas faire de dons de leurs médicaments.

Concernant le fonctionnement de Tulipe, nous comptons 3 permanents et nous faisons appel à des salariés de nos entreprises adhérentes pour préparer les cantines et mettre en œuvre des actions de mécénat de compétences. Actuellement, nous développons une offre pour pouvoir faire don de compétences médicales, pharmaceutiques, RH, communication à des ONG partenaires et récemment, nous avons fait une action sur le volet réglementaire avec l’EPHOM (Etablissement pharmaceutique Humanitaire de l’Ordre de Malte). Nous avons également un projet de communication avec « Action contre la faim ».

Nous remercions l’engagement de toutes les entreprises du médicament pour leurs dons, afin d’aider les populations lors de crises sanitaires aigües et de catastrophes naturelles ou de conflits.

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