Empreinte carbone Cyclamed : mise en place de compacteurs et traçabilité des médicaments

Cyclamed cherche depuis plusieurs années à optimiser l’empreinte carbone de la chaîne de récupération des médicaments non utilisés. Dès la création – en faisant appel aux grossistes répartiteurs qui livrent les médicaments dans les officines pour récupérer les réceptacles de collecte Cyclamed – en précurseur nous avons choisi de ne pas créer un circuit supplémentaire qui aurait dégradé notre, votre empreinte carbone. Le 12 juillet 2023, une nouvelle étape a été franchie par Cyclamed : la mise en place de compacteurs.

Pour comprendre la mise en place des nouveaux compacteurs en vidéo, c’est ici !

Entretien avec Laurent Wilmouth, Directeur général de Cyclamed

1.     A quoi servent les nouveaux compacteurs mis en place par Cyclamed en remplacement de conteneurs-bennes placés chez les grossistes-répartiteurs ?

La première fonction est de réduire les transports par 2. Grâce au compacteur, nous allons doubler la capacité par transport versus les conteneurs-bennes de 30 m3 que nous utilisions auparavant. Cela signifie donc 2 fois moins de transport entre le grossiste-répartiteur et l’usine de valorisation. L’empreinte carbone sera donc améliorée. Nous estimons ainsi que cette mise en œuvre apportera une économie estimée entre 100 et 120 000 kms par an. 

Le second point est la simplification et la sécurité de la gestion du compacteur au niveau des grossistes-répartiteurs.  En effet, le compacteur est par nature toujours fermé et ne s’ouvre qu’au moment de son utilisation. Après son cycle qui dure environ une minute, le compacteur se referme. L’interdiction d’accès aux médicaments non utilisés (MNU) est donc sécurisée, quand ils sont stockés sur les sites des grossistes répartiteurs.

D’autre part, les nouveaux compacteurs améliorent l’ergonomie. Aujourd’hui, dans un conteneur de 30 m3, le grossiste-répartiteur doit ranger les réceptacles en carton Cyclamed sur 4 niveaux (le niveau 4 étant le plus haut). Avec les nouveaux compacteurs, le chauffeur du grossiste-répartiteur n’a plus qu’à lever les cartons à un équivalent de hauteur entre le 2ème et 3ème niveau de rangement de l’ancienne benne de 30 m3.

Ce projet n’a pas une vocation économique étant donné que nous n’économiserons pas d’argent avec ces compacteurs. En effet, au mieux nous allons les rentabiliser sur plusieurs années. Nous avons essentiellement un objectif d’amélioration de la sécurité du processus de gestion des MNU et de diminution de l’empreinte carbone par rapport au cycle classique.

Nos compacteurs sont des compacteurs monoblocs. Cela veut dire que le compacteur est en un seul bloc comprenant les moteurs, la trémie et la partie compression. Le grossiste-répartiteur déverse les cartons dans le compacteur, puis ceux-ci tombent dans le caisson de derrière et le bloc de compaction tasse ensuite automatiquement les cartons qui sont à l’intérieur. Le compacteur monobloc ayant la même emprise au sol que le conteneur de 30 m3, il remplace ainsi sans problème l’espace  de l’ancien conteneur-benne de 30 m3.

2.     Où sont déployés les compacteurs ?

Ils vont être déployés sur l’ensemble du territoire chez les grossistes-répartiteurs, où nous avons suffisamment de rotations et de distance avec les UVE (Unités de Valorisation Energétique). Sur les 178 sites en métropole, nous allons en équiper 42. le reste des établissements n’étant pas amortissable.

Le déploiement a démarré début juillet avec le transport / livraison des compacteurs 2 par 2, et il se prolongera jusqu’à la fin de l’année. SOLEN, la société française qui fabrique les compacteurs a, pour ce type de compacteurs, son unité de fabrication à côté de Lisbonne au Portugal. On optimise ainsi le transport.

3.     Quel est l’intérêt de cette mise en place de compacteurs pour Cyclamed ? Pour les grossistes-répartiteurs ? Pour l’environnement ?

Pour Cyclamed, l’intérêt est d’avoir une gestion optimisée du processus Cyclamed avec une empreinte carbone minimisée et la plus faible possible.

Pour les grossistes-répartiteurs, non seulement le  compacteur est toujours fermé avec ce gage de sécurité, mais en plus, ils disposent d’une puce GSM intégrée. Ainsi, quand celui-ci est au ¾ plein, la puce envoie automatiquement une demande d’enlèvement à Veolia qui s’occupera du transport vers l’UVE. Le grossiste-répartiteur est informé instantanément, par mail, de cet enlèvement et il n’a donc plus à assurer cette gestion. Cette solution permet un gain de temps et en ergonomie avec moins de levées hautes des réceptacles Cyclamed.

Au niveau environnemental,  le gain sur les transports entre grossistes-répartiteurs et UVE permet 2 fois moins de rotations qu’auparavant.

Par ailleurs, les compacteurs sont totalement étanches, sans  risque de fuites, ce qui est essentiel avec les formes liquides que nous récupérons.

4.     Pouvez-vous nous parler de l’engagement de Cyclamed dans la traçabilité des Médicaments Non Utilisés et/ou périmés ?

Il est bon de rappeler que le médicament non utilisé ou périmé est classé comme un déchet non dangereux (code CED 21 01 32 de l’UE). Nous n’avions donc aucune obligation de traçabilité. Mais, depuis sa création, Cyclamed a tenu à créer un bordereau de suivi de déchets (inspiré fortement du CERFA BSD officiel) pour assurer la traçabilité du transport et de l’incinération de nos MNU. A noter, quand le médicament est délivré par le pharmacien, puis quand il est rapporté par le particulier chez le pharmacien, il s’agit toujours d’un médicament. De même, lorsqu’il est mis dans le réceptacle en carton Cyclamed et qu’il est récupéré par le grossiste-répartiteur. C’est au moment où le conteneur-benne / compacteur part pour l’Unité de Valorisation Energétique (UVE) que le médicament prend le statut de déchet non dangereux.

Concernant la traçabilité, nous avons décidé de dématérialiser les bordereaux papier étant donné qu’il y avait environ 6 500 bordereaux quintuplicata utiliséspar an (formulaires à 5 volets :un pour le grossiste-répartiteur, un pour le transporteur, un pour l’UVE, un pour Cyclamed et un en archive). Cela faisait donc entre 35 et 40 000 feuilles utilisées par an. Dans un souci de diminution de notre empreinte carbone, cette solution de dématérialisation nous a donc semblé parfaitement utile. Pour cela, nous avons travaillé en 2021 avec Track déchet qui est une solution d’Etat, pour savoir si la dématérialisation était possible. Après des tests en réel concluants sur le site d’un grossiste-répartiteur, nous avons décidé de nous lancer. Depuis juillet 2022, nous avons déployé la solution dématérialisée avec la plateforme Trackdéchets. Ainsi, aujourd’hui, 100% de nos grossistes-répartiteurs de l’Hexagone sont sous Trackdéchets et nous n’avons dorénavant plus de flux papier. Un autre avantage : les bordereaux sont toujours bien identifiés et bien écrits, ce qui n’était pas toujours le cas avec une écriture manuscrite.  Concernant l’archivage, Cyclamed a l’obligation de les garder pendant 5 ans. TrackdDéchets les garde ad vitam aeternam.  

5.     Vous allez intervenir  au cours de l’atelier « traçabilité des déchets » aux Assises Nationales des déchets à Nantes ce 27 septembre. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette intervention ?

Nous sommes « partenaire ami » des Assises des déchets et à ce titre il y a un atelier intéressant sur ce thème. Le but est d’apporter  notre témoignage sur la traçabilité des médicaments même s’ils sont considérés comme des déchets non dangereux. Au programme de ce témoignage : l’historique du médicament et des déchets, la classification des déchets, et comment peut-on mettre en place une traçabilité performante ?

En savoir plus : https://www.cyclamed.org/cyclamed-participe-aux-assises-des-dechets-a-nantes-le-rendez-vous-incontournable-de-leconomie-circulaire-au-service-de-la-souverainete-11643/

6.     Quelles sont les  autres actions prévues pour optimiser encore davantage l’empreinte carbone de la chaîne de récupération des Médicaments Non Utilisés ou périmés ?

Une des premières actions que nous allons  mener, sera le suivi des compacteurs, afin de déterminer, site par site, la compaction la plus optimale. Par exemple, si vous avez un site qui a beaucoup de rotations, parce qu’il est très gros et qu’il remplit rapidement son compacteur, il va falloir que les allers-retours des trajets de ces compacteurs ne prennent pas trop de temps. Ainsi, nous allons pouvoir personnaliser, site par site, la compression la plus optimum et gagner au niveau du tonnage par rotation.

En second lieu, nous continuerons nos actions de communication et de sensibilisation vis-à-vis de la patientèle sur le tri sélectif en amont. L’objectif étant de diminuer le nombre de réceptacles de collecte Cyclamed en communiquant sur le fait que les MNU doivent être triés au domicile, avant leur retour en pharmacie. Ainsi, seul le médicament dans son emballage primaire (emballage au contact du médicament) sera incinéré et valorisé à des fins énergétiques. Sa boite en carton et sa notice en papier ayant été préalablement  mises dans le tri sélectif, ainsi que les emballages primaires totalement vides. Dans les 7 dernières années, nous sommes passés d’environ 10 % de personnes qui déclarent séparer en amont les boîtes en carton et notices en papier à désormais 65 % de Français déclarant faire ce tri en amont.

Troisièmement, nous allons continuer la dématérialisation en l’appliquant à nos processus de comptabilité en 2024, afin de diminuer encore davantage l’usage du papier. Cela  sera rendu obligatoire pour les grosses entreprises, mais nous, nous anticipons en prenant les devants chez Cyclamed.

Enfin, nous allons travailler sur des optimisations dans les territoires ultramarins. En effet, aujourd’hui, il n’existe qu’une seule UVE dans les territoires ultramarins et celle-ci se situe en Martinique. Donc pour les autres territoires, nous rapatrions les MNU dans l’Hexagone pour leur incinération conformément à la loi. Ainsi, dès qu’il y aura des nouvelles constructions d’UVE, nous nous attèlerons à ce que les MNU soient bien incinérés et valorisés sur place.

 

En attendant, nous sommes en train de faire une étude sur l’impact de l’incinération de nos MNU en vue de savoir si ceux-ci pourraient aussi devenir des  Combustibles Solides de Récupération (CSR) pour optimiser encore davantage l’incinération. Cette étude  se déroulera sur 2 à 3 années.

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