Alcool, cannabis ou médicaments : le point sur l’usage de ces substances psychoactives

Alcool, cannabis, tabac, médicaments (anxiolytiques, hypnotiques, antidépresseurs…), quel est le point commun entre tous ces produits ? Il s’agit de plusieurs types de Substances Psycho-Actives (SPA). On vous propose un focus sur ces substances et plus particulièrement les médicaments psychoactifs qui peuvent parfois conduire à une addiction ainsi que les recommandations du Docteur Alice Descheneau, cheffe du service Addictions au groupe hospitalier Paul Guiraud (Villejuif).

Qu’est-ce que les substances psychoactives ?

Les substances psycho-actives sont des produits qui modifient l’état de conscience. Elles ont un effet sur la perception, la pensée, les sentiments et les actions. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) les définit comme « toute substance psychotrope ou psychoactive qui, en raison de leur nature chimique, perturbe le fonctionnement du système nerveux central (sensations, perceptions, humeurs, sentiments, motricité) ou qui modifie les états de conscience ». Le tabac et l’alcool sont les substances psychoactives les plus consommées en France. Selon l’Office français des dépendances et toxicomanies (OFDT), 8 % de la population adulte présenterait un risque chronique d’addiction à l’alcool et un quart (27 %) une addiction au tabac.

Les 3 modes de consommation

Il existe également plusieurs modes de consommation que l’on peut classer en fonction de leur impact chez l’individu :

  • usage simple : dans ce cas, la consommation de SPA n’entraîne pas de dommages à court terme. Il n’est pas considéré comme pathologique mais peut toutefois entraîner des complications à moyen ou long terme ;
  • usage nocif : la consommation est épisodique ou intermittente et peut être responsable de dommages sur la santé physique ou mentale du consommateur (cancer, dépression, accident…), ou  à l’égard d’autrui (violence…) ;
  • dépendance : la consommation est répétée ou continue et le patient est soumis à une forte « volonté » interne de consommer. Malgré les dommages ou les conséquences négatives de cette consommation, la personne présente une capacité réduite à la contrôler. Les activités sociales sont délaissées. Des sensations intenses d’envie de consommer peuvent survenir. Enfin, des symptômes de sevrage peuvent apparaître après l’arrêt ou une réduction de la consommation de la SPA.

Bien que le terme d’addiction soit répandu, il ne concerne en fait que la dépendance, stade ultime de la consommation de substances psychoactives. Les pratiques addictives, quant à elles, regroupent l’usage nocif et la dépendance.

Les conséquences sur la santé

L’addiction aux SPA entrainent plusieurs types de conséquences chez le consommateur.

  • Les premières conséquences sont spécifiques de l’addiction et sont immédiates : euphorie, perte de contrôle, diminution du stress, désinhibition. Elles varient selon la nature de la substance ou de la pratique.
  • Les secondes conséquences sont d’ordre comportemental: la consommation envahit progressivement la vie quotidienne de la personne dépendante et peut avoir des répercussions délétères sur sa vie familiale, relationnelle et professionnelle. Elles engendrent un risque progressif accru d’isolement, de marginalisation, de stigmatisation, de perte d’emploi ou de déscolarisation.
  • Enfin, les addictions ont des répercussions médicales, psychologiques et psychiatriques sur le long terme comme la modification du caractère et des troubles de l’humeur. Elles peuvent s’instaurer progressivement et des complications spécifiquement associées à certaines addictions peuvent survenir comme un risque cardiovasculaire ou de cancer avec le tabac, un risque cognitif ou tumoral avec l’alcool, ou des troubles neurologiques et psychiatriques chez des consommateurs réguliers de nombreuses drogues illicites.

Les médicaments psychoactifs

Docteur Alice Deschenau, cheffe du service Addictions au groupe hospitalier Paul Guiraud, revient sur les mécanismes de l’addiction et sur l’importance d’échanger avec son médecin ou son pharmacien au moindre doute lors de consommation de médicaments psychoactifs.

« Lorsque les substances psychoactives sont consommées, elles agissent nécessairement sur notre cerveau et perturbent la transmission entre les neurones des « informations » responsables de nos perceptions, sensations, émotions, humeurs, réflexions. Le champ des médicaments psychotropes qui sont aujourd’hui sur le marché est très vaste. Il sagit aussi bien des anxiolytiques (tranquillisants), des hypnotiques (somnifères) des antidépresseurs ou des neuroleptiques. Mais on doit aussi inclure les médicaments qui au départ nont pas du tout vocation à tranquilliser ou à endormir comme les anti-allergiques ou les anti-douleurs.

En dehors des risques liés à l’effet spécifique d’un psychotrope en particulier, le risque de développer une addiction est à surveiller. Une addiction se caractérise par 3 signes :

-la dépendance physique : tolérance, l’habituation au médicament dont l’effet semble diminuer et/ou des signes de sevrage lorsqu’on ne prend pas le médicament.

-Le craving se traduit par un besoin irrépressible de consommer (de boire, de fumer, de prendre un médicament…) qui apparait de manière plus ou moins intense provoquant une forte tension voire de l’anxiété ou des douleurs physiques. Ce craving peut faire « craquer » le consommateur. C’est un des symptômes cibles des prises en charge en addictologie.

-La perte de contrôle autour des prises : plus que prévue, plus rapprochée, prise au détriment d’autres activités ou besoins. Pour les médicaments, cela se caractérise par l’apparition de mésusage. Le consommateur ne suit pas la prescription du médecin ni les recommandations du pharmacien : augmenter la dose ou prolonger la durée sans avis médical.

 Les différentes familles de psychotropes n’ont pas toutes le même potentiel addictif. Les opiacés ou les benzodiazépines, par exemple, ont un risque élevé daddiction, alors qu’il est très faible avec les anti-dépresseurs.

Les consommateurs ne sont pas non plus égaux devant les risques daddiction. Les antécédents familiaux d’addictions, les traumatismes et troubles psychiques sont autant de facteurs de risque qu’il est nécessaire de prendre en compte avant et au décours du traitement.

En résumé, je dirais que la consommation de substances psychoactives nest pas à prendre à la légère mais il ne faut pas non plus en avoir honte. Il est indispensable d’échanger en toute confiance avec son médecin et ne pas hésiter à lui faire part de signes anormaux, afin dadapter au mieux le traitement. »

Enfin, rappelons que ces médicaments demandent une attention toute particulière en respectant attentivement leur bonne observance et la bonne posologie. De même, ils doivent être rangés dans son armoire à pharmacie, impérativement placés en hauteur et fermés à clef, hors de portée des enfants. En savoir plus sur le tri des médicaments : https://www.cyclamed.org/quand-doit-on-considerer-quun-medicament-est-non-utilisable-perimes-usages-boites-entamees-on-vous-aide-a-faire-le-tri-10709/.

 

 

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