A Thonon-les-Bains, la pharmacie de la Grangette s’engage pour le tri des MNU

Située en Haute-Savoie à Thonon-les-Bains, la pharmacie de la Grangette est positionnée sur l’axe principal entrant de la commune, lui permettant d’accueillir un public diversifié, composé de jeunes parents et d’une population de retraités. Quelle est son expérience sur la collecte des MNU ?  Comment la pharmacie s’est-elle adaptée face à cette situation sanitaire inédite ? Bruno Delannoy, pharmacie titulaire, a répondu à nos questions. 

Est-ce que votre patientèle a l’habitude de vous rapporter les Médicaments Non Utilisés (M.U) ?

Oui, très régulièrement. Il arrive fréquemment que des personnes viennent à l’officine uniquement pour rapporter des sacs en vrac remplis de médicaments.

Quelles questions vous pose-t-on le plus concernant les MNU ?

Que deviennent les médicaments ? Sont-ils redistribués aux organisations humanitaires ? Peut-on vous rapporter des flacons de sirop, des patchs usagés, des stupéfiants ?

Comment sensibilisez-vous les patients au bon usage des médicaments et tout spécialement sur le tri des médicaments ?

Tout passe par les conseils du pharmacien lors de la délivrance : ne pas stocker, ne pas réutiliser des médicaments sans avis d’un professionnel de santé, bien séparer les blisters contenants des médicaments des emballages en carton et des notices (Recyclage poubelles jaunes), pas de seringues usagées ou non (DASTRI) et surtout ne pas jeter dans les poubelles normales les médicaments non utilisés. J’utilise la sensibilisation par l’affichage.

Avez-vous reçu le tampon Cyclamed ? Qu’en pensez-vous ? L’utilisez-vous ?

Oui. Il est vrai que nous ne l’utilisons pas suffisamment. Il nous en faudrait un pour chaque comptoir.

Selon vous, quel est l’argument le plus important pour sensibiliser au tri des MNU ?

Protéger l’environnement en évitant que des médicaments soient enfouis sous terre, se retrouvent dans les eaux fluviales, les nappes phréatiques… Thonon-les-Bains est une station thermale et une marque d’eau minérale, nous y sommes particulièrement sensibles.

Comment procédez-vous lorsque vous recevez les MNU de vos patients ?

Tout d’abord on pose des questions : qu’y-a-t-il dans votre sac ? Contient-il des stupéfiants, si oui, des patchs utilisés ou non utilisés ? Contient-il des seringues ? Avez-vous pensé à séparer les emballages en carton et notices en papier, des blisters contenant des médicaments ?

Puis en fonction des réponses, on ouvre le sac et nous faisons le tri à leur place. Ceci est très chronophage pour l’équipe officinale.

Avant de rapporter leurs MNU dans votre pharmacie, les patients savent-ils et pensent-ils à séparer les emballages en carton et notices des médicaments pour les mettre dans le tri sélectif chez eux ?

Malheureusement pas assez ! Ils confondent le mot recyclage des médicaments qui est en fait une valorisation énergétique des médicaments effectuée grâce à Cyclamed avec un éventuel recyclage des comprimés, gélules…contenant les principes actifs qui n’est pas possible.

Un travail de communication important reste à faire en expliquant qu’il s’agit d’un recyclage des « déchets » de médicaments sous forme de valorisation énergétique avec une production d’électricité et de vapeur pour éclairer et chauffer des logements. Ainsi, ils participent à la protection de l’environnement pour éviter tout impact nocif pour la nature.

De manière plus générale, votre pharmacie est-elle engagée dans la protection de l’environnement ? Votre patientèle le sait-elle ?

Oui, on essaie. On ne distribue plus de sac en plastique, on encourage les patients à revenir avec leur propre sac de course, et on limite la distribution des sacs en papier. On imprime les mails et autres documents que si nécessaire…

Comment vous organisez-vous depuis le 11 mai ?

Nous gardons les bonnes habitudes que l’on a prises et instaurées depuis le début du confinement. On a repris nos horaires et notre rythme de travail habituels mais dans un strict respect des gestes barrières.

Aurez-vous un affichage spécifique/des explications orales pour inviter les patients à rapporter à nouveau leur MNU ?

Pendant le confinement, nous avons utilisé les affiches réalisées par Cyclamed que l’équipe a trouvées vraiment très bien. Nous espérons en avoir d’autres pour expliquer le retour possible des M.N.U. Sinon on remettra les affiches habituelles de Cyclamed.

Qu’est-ce qui a radicalement changé dans votre activité et qui ne sera plus « comme avant » ?

Bien sûr, nous avons établi de nouveaux protocoles, de nouvelles procédures et des traçabilités renforcés, mais ce qui a changé le plus dans notre activité est le rapport avec nos patients qui sont devenus en effet plus patients et plus compréhensifs vis-à-vis de nos contraintes réglementaires.

Cette crise sanitaire nous a permis un rapprochement avec tous les soignants libéraux de notre ville : médecins généralistes, spécialistes, infirmiers et certains professionnels paramédicaux.

Nous ne sommes peut-être pas dans une même structure (hôpital ou clinique) mais on a eu le sentiment de faire partie d’un même établissement de soin certes virtuel mais dans notre quartier.

Ce sentiment de faire partie d’une même équipe de soignants a été renforcé et restera donc un plus aux services des patients de notre ville. De plus, ces contacts plus étroits et réguliers nous permettent d’envisager la création de notre CPTS (Communauté professionnelle Territoriale de santé) avec plus de sérénité.

 

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